Le 17 septembre 2025, j’ai eu l’honneur d’être invité par l’antenne shanghaïenne de French Founders, l’un des plus grands réseaux professionnels francophones au monde. Avec plus de 25 000 membres et 4 000 adhérents dans son club, French Founders rassemble dirigeants, entrepreneurs et cadres français de tous horizons. Autant dire qu’il s’agit d’un écosystème international d’une rare densité.
Mon intervention a été principalement principalement pour l’intelligence économique — ses outils, ses enjeux, sa place dans la stratégie des entreprises à l’international. Mais j’ai également pu consacrer un moment au thème de ce site : la diaspora française comme levier stratégique d’intelligence économique nationale.
L’accueil du public a été extrêmement chaleureux.
La table ronde, animée aux côtés de David Morizot (Asia Managing Director at Advention Business Partners) et Jens Evert (Partner – Asia Pacific Region at Deloitte) qui nous a mis à disposition les bureaux de Deloitte de Shanghai, a suscité de nombreuses questions, tant sur les pratiques opérationnelles de l’intelligence économique que sur la manière dont la France pourrait mieux valoriser ses communautés expatriées.
Une conversation marquante : 30 ans d’expérience… et 30 ans d’invisibilité institutionnelle
Lors du cocktail qui a suivi, plusieurs participants sont venus échanger plus longuement. L’un d’eux m’a particulièrement marqué :
un entrepreneur français installé en Chine depuis 1997, fondateur d’une dizaine d’entreprises, doté d’une connaissance fine des administrations, des réseaux locaux et de la culture business chinoise.
Depuis près de 30 ans, il adopte un réflexe simple mais stratégique et hautement symbolique: à chaque changement d’ambassadeur, de consul, de directeur de CCI ou de représentant français à l’étranger, il se manifeste auprès d’eux pour offrir son aide, partager son expérience, transmettre ses informations, ou fournir un briefing stratégique. Le principe est simple: faire profiter à un nouvel arrivant toute l’expérience d’un vétéran du pays.
En trois décennies, pas une seule fois il n’a été recontacté.
Il poursuit malgré tout cette initiative, mais avoue perdre foi dans la capacité de la France à mobiliser les compétences et l’expérience de ses expatriés.
Un constat discret mais confirmé par d’autres membres influents de French Founders, eux aussi jamais sollicités malgré un capital d’expertise et d’un réseau immense.
Un révélateur : la France a encore un long chemin à parcourir
Ce témoignage n’est pas isolé. Il révèle un décalage profond entre :
- le potentiel de la diaspora,
- et la manière dont la France la mobilise réellement.
Alors que d’autres pays s’appuient massivement sur leurs expatriés pour renforcer leur intelligence économique, leur diplomatie, leur attractivité et leur résilience, la France continue — entre autres par manque de culture de réseau — à laisser en friche un de ses plus grands atouts stratégiques.
Cette intervention chez French Founders a donc confirmé ce que j’observe depuis plusieurs mois :
il existe un vivier d’expertise, de loyauté et d’engagement que la France ne voit pas encore, ou pas assez.
Et pourtant, c’est précisément ce vivier qui pourrait contribuer le plus fortement à son rayonnement et à sa souveraineté économique.